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Sur les traces du lin, à la découverte de son succès…

C’est parti pour un petit voyage dans le temps !

Un textile simple, naturel et polyvalent, apprécié dans le monde entier pour ses vertus et sa beauté légendaire et très prisé à l’époque de la haute antiquité égyptienne.

Sous sa forme tissée, le lin était employé en Égypte il y a 8000 ans pour les bandelettes des momies ; le textile étant imputrescible ; et les vêtements ; à cause de sa blancheur, il symbolisait la pureté.

Les navigateurs phéniciens ont acheté le lin en Égypte et l’ont fait connaître en Grèce, en Italie, en Irlande, en Angleterre, en France… Partout, le lin a été apprécié pour son côté extrêmement pratique, multi-usages, les utilisations de la plante étant très variées.

Toiles de lin de voiles de la flotte romaine

500 ans avant J.C., des toiles de lin servaient de voiles pour la flotte romaine, tandis que d’autres, tissées très épaisses puis imbibées d’huile de lin et durcies à l’air, étaient utilisées par les Étrusques en tant “qu’armures” de combat. La technique du durcissement du lin a aussi donné lieu à la fabrication de récipients.

Bien avant Jules César, la culture du lin en Gaulle était très répandue.

On sait aussi que Charlemagne a renforcé l’artisanat autour du lin car il en était un fervent amateur. Il imposa même, sous forme écrite dans son livre de loi, que le lin soit filé à la cour et que chaque ménage de France se procure l’outillage nécessaire pour le travailler.

Au 13ᵉ siècle, à Cambrai dans le nord de la France, un certain Jean-Baptiste de Cambrai mit au point une technique de tissage d’une grande finesse qui donna lieu aux toiles de lin appelées « les Batistes », des toiles d’une qualité et d’une beauté telles qu’elles rencontrèrent un franc succès à travers le monde, et s’illustrèrent en linge de table, habillement, mouchoirs…

À l’époque de la Renaissance, la tenue quotidienne ou toilette devient plus raffinée, et l’on sait que le mot “toilette” provient de l’ancien français « thieulette », désignant alors un lin léger utilisé pour les chemises.

En 1917, Philippe de GIRARD déposa son premier brevet au sujet de la filature du lin et inventa la première machine à peigner le lin.

Le lin est considéré comme le plus vieux textile de monde, et nous avons pu voir comme il a été apprécié et utilisé de tout temps et sur tous les continents. Aujourd’hui encore, il suscite un engouement particulier, bien mérité au vu de ses nombreuses qualités.

Il est majoritairement cultivé dans le nord de la France (pays N°1 mondial en termes d’hectares consacrés au lin), en Belgique et aux Pays-Bas.

Dès demain nous parlerons davantage de son parcours pour devenir cette matière multiusage.

La plante de lin

Parcourons ensemble tout le parcoure du lin, de la plante à la fibre pour finalement devenir ce textile tant apprécié…

Le lin possède une croissance rapide avec cent vingt jours nécessaires à ce que la plante atteigne sa hauteur maximale d’un mètre environ.

Au sommet de la tige éclot autour du quinze juin une fragile fleur mauve, bleue, blanche ou rose pâle. La récolte du lin a lieu un mois plus tard, après la floraison, lorsque le lin vire au jaune. On procède alors à l’arrachage, puis au rouissage, le teillage, le peignage et la filature.

Le rouissage

Une fois le lin arraché (on parle de « pailles » de lin), il est étalé sur le sol du champ, où les bactéries et l’humidité désagrègent la partie externe des tiges qui entourent les fibres, ce qui favorise l’extraction des fibres à l’étape suivante, dite du teillage. Le lin est retourné en cours de rouissage, pour que le rouissage soit homogène. Une alternance d’humidité, pour attaquer les tiges, et de vent, pour les sécher, est idéale pour un bon rouissage. Avant, le rouissage se faisait directement dans un bain d’eau, mais le procédé a changé pour des raisons écologiques et économiques.

Le teillage

Les pailles de lin rouies (ayant subi un rouissage réussi) sont broyées et battues pour éliminer les résidus tels que le bois (appelé anas) et l’épiderme des tiges. Les fibres se trouvent ainsi séparées et récupérées. On distingue des fibres longues, soit les fibres les plus qualitatives du lin, que l’on appelle aussi « lin teillé », et des fibres courtes appelées étoupes, que l’on valorise comme un produit mineur mais complémentaire des fibres longues. Les fibres sont ensuite répandues en nappe chez l’agriculteur puis lavées. Notons au passage que les graines de lin ont également été soigneusement mises de côté.

Le peignage et la filature

Afin d’être utilisables par l’industrie du textile, les fibres de lin doivent être filées. Pour préparer la filature, on peigne d’abord les fibres, c’est-à-dire qu’on les rend plus parallèles. Le lin n’est pas filé de la même manière que le coton, aux fibres plus élastiques, globalement plus longues, et plus homogènes. On a recours pour le lin à des techniques de filature spécifiques, que l’on applique selon le type de fibres à filer, et en particulier selon la longueur des fibres. Pour les fibres de lin longues c’est-à-dire le lin teillé, on utilise la filature au mouillé. Les fibres longues sont réunies en mèche légèrement torsionnée et étirée sous l’eau pour ramollir les « ciments » naturels. On obtient des fils précisément dissociés, donc fins, lisses, réguliers, hautement qualitatifs. La filature au sec convient essentiellement aux étoupes.

Les fibres courtes sont étirées sans eau, et filées avec approximativement le même matériel que pour de la laine. Les fils obtenus sont plus grossiers que les fils issus de la filature au mouillé, car on n’a pas pu diviser aussi bien les fibres en fibres unitaires. Enfin, la filature dite « du circuit des mélanges » s’applique lorsqu’on veut mélanger intimement le lin à une autre matière (lin/soie, lin/laine, lin/coton…) et obtenir un fil qui ne sera pas 100% lin mais trouvera d’autres atouts : plus chaud pour l’hiver avec la laine, adapté aux tenues de soirées avec la soie, moins froissable avec de la viscose…

L’utilisation du textile de lin

Dans l’habillement

L’habillement vient très largement en tête de l’utilisation du lin en textile. Le lin a depuis longtemps fait ses preuves en tant que matière représentant un bien-être au porté incomparable : il absorbe l’humidité, reste frais l’été, est intrinsèquement antibactérien et hypoallergénique.

De plus, sa résistance est immense : un vêtement en lin dure deux fois plus longtemps qu’un vêtement en coton : il ne peluche pas, ne se déforme pas. On peut aussi bien le tisser pour en faire des chemises que le tricoter pour en faire des T-shirts, ce qui dans ce dernier cas lui confère une souplesse et une élasticité parfois insoupçonnées des consommateurs qui le voient souvent comme un textile raide.

Dans le textile d’ameublement

Dans le domaine du textile d’ameublement, c’est-à-dire le textile que l’on dédie à la décoration d’intérieurs, le lin représente le naturel qui nous apaise et dont on aime s’entourer. Rideaux, coussins, linge de lit, linge de table et linge d’office (torchons…) utilisent le lin pour son image de noblesse, sa simplicité intemporelle, son élégance, sa résistance, sa durabilité. On dit que des draps en lin favorisent un bon sommeil.

Depuis quelques années, le lin lavé (qui subit des prélavages avec adoucissants, pour une usure de surface maîtrisée donnant « une patine ») à la côte : il valorise le « froissé » du lin en une matière cabossée, irrégulière, d’autant plus vivante et sensorielle ; il renouvelle l’aspect visuel et le toucher.

Enfin, le lin confère aux couleurs une vivacité et une profondeur exceptionnelles : on parle d’une bonne affinité tinctoriale pour apprécier le fait qu’avec peu de teinture, le lin absorbe très bien la couleur et la magnifie.

La valorisation des parties de la plante de lin non utilisées pour le textile…

Le lin est une plante très intéressante sur le plan écologique, non seulement parce que sa transformation pour le textile et sa teinture qui sont économes en eau et très peu polluantes, non seulement pour son bon niveau de recyclage, mais aussi parce que dans la plante de lin, tout peut être exploité, valorisé de façons variées. Ainsi, au-delà du textile, le lin devient de l’huile de lin (utilisée en peintures, vernis…), on consomme les graines de lin, on utilise les étoupes de lin pour constituer des non-tissés (nappes de fibres liées par aiguilletage, cohésion ou couturage), les anas (déchets de la plante apparentés à du bois) sont mis à profit pour créer de l’énergie…
Avec le lin, rien ne se perd, et derrière un produit principal se cache de nombreux sous-produits !
Vous en savez désormais plus sur la plante de lin, son histoire riche et ses utilisations très étendues. Le lin est issu d’une culture de proximité précieuse, et porte dans ses fibres une aventure humaine très ancienne et toujours actuelle. Après des siècles de tradition artisanale, le lin représente une intarissable source d’innovation soutenue par des investissements en recherche et développement, au titre de ses vertus et de ses bénéfices sur les plans écologique et de bien-être. Le lin est inspirant pour les stylistes et les designers, possède nombre d’arguments pour charmer le consommateur, se positionne comme très performant sur le plan technique.

Alors succombez sans retenue à cette matière qui a tout bon !