Il s’agit d’une étoffe traditionnelle filée à la main et confectionnée sur des métiers à tisser.
La densité du Shema varie selon le tissage. Toutefois, la plupart du temps, le tissu est léger et utilisé dans de nombreuses couches de couvertures (appelées Gabi) ou de vêtements.
Le fait d’avoir de multiples couches de Shema légèrement tissées dans un vêtement ou un article particulier permet de conserver l’air dans le tissu. Ainsi, la parure garde le porteur au chaud sans être pour autant encombrante.
Pour fabriquer le Shema, les artisans éthiopiens utilisent un coton trié minutieusement. Par la suite, ils teignent le matériau à la couleur désirée et le tissent pour créer des pièces particulières. Traditionnellement, les vêtements sont brodés à la main. Aujourd’hui, il est possible de reproduire un certain nombre de motifs ancestraux à la machine.
Le Shema en coton blanc est l’un des vêtements les plus importants de l’histoire culturelle de l’Éthiopie. Le châle semblable à une toge est porté par les hommes et les femmes. On s’en sert également comme couverture et même comme linceul pour les morts. La manière de porter le Shema pourrait communiquer l’humeur, l’attitude et l’intention.
L’histoire du Shema fait partie d’une plus grande saga du coton qui couvre le monde et remonte aux temps anciens…
La production du coton en Éthiopie date de plusieurs millénaires. En effet, les artisans locaux récoltent un coton blanc doux et moelleux à basse altitude dans les zones rurales. Pendant longtemps, la fabrication de Shema est au cœur des activités économiques en Éthiopie. L’engouement des artisans est tel que le pays devient très vite le foyer principal des textiles en Afrique de l’Est.
Le Shema est très populaire en Éthiopie. En effet, la quasi-totalité des Éthiopiens arbore l’étoffe avec fierté. Dans le pays, le Shema se porte sous forme d’enveloppements complets, de robes, de châles ou de ceintures.
Le textile de coton permet aussi de confectionner la Natella, un châle très répandu dans la culture éthiopienne. La Natella est une parure légèrement tissée avec une bordure fortement cousue à double fil de couleur vive à chaque extrémité. En Éthiopie, les femmes la portent en ceinture ou châle sur leurs robes traditionnelles Kemis. Il leur arrive aussi d’assortir leur Natella avec des vêtements de style occidental.
En Éthiopie, le filage est appris et pratiqué par la plupart des classes sociales. C’est d’ailleurs considéré comme une activité à la mode et appropriée pour les femmes nobles jusqu’au XXe siècle.
À cet effet, les vêtements ont défini le rang et le statut dans cette société hiérarchique et complexe. Par ailleurs, des guildes de tisserands, brodeurs et tailleurs spécialisés travaillaient pour les élites religieuses et politiques.
Comment les artisans éthiopiens fabriquent-ils le tissu Shema ?
La tradition de la préparation du coton brut éthiopien existe depuis l’antiquité et est encore largement pratiquée. L’égrenage, le cintrage et le filage sont les trois processus impliqués.
Dans le passé, les graines de coton sont retirées de la capsule en tapotant la fibre de coton étalée sur une pierre plate avec une tige de fer appelée Medamager. Ensuite, les artisans préparent le coton pour le filage en créant des nuages de fibre de coton pelucheuse. Les fuseaux tombants servent à filer le coton et sont encore utilisés aujourd’hui avec les rouets.
Dans les zones rurales, on retrouve encore des artisans du textile utilisant ces anciennes méthodes de production. Le métier à tisser à double pédale (parfois un métier à fosse), utilisé historiquement, continue d’être le métier de choix aujourd’hui. Les tisserands de Shema, quant à eux, sont généralement des hommes.
Comme l’industrie cotonnière éthiopienne est assez importante, de nombreux designers locaux utilisent le Shema dans leurs vêtements. À l’heure actuelle, plusieurs entreprises, auteurs locaux fabriquent des vêtements et des articles ménagers modernes d’inspiration traditionnelle à partir du Shema.
Une industrie du coton forte et dynamique existe toujours en Éthiopie. Aujourd’hui, de grandes et petites exploitations, privées et publiques, y compris des coopératives artisanales, créent de beaux textiles luxueux à partir de Shema.